Séisme : témoin d'un drame à Bhaktapur

Des lendemains plein d'espoir qui nécessitent un élan de solidarité
Des lendemains plein d'espoir qui nécessitent un élan de solidarité

 

 

 

 

Nous relayons ici le témoignage intégral de Melinda Parvex.

 

 

 

Coordinatrice de Bhavisya à Bakhtapur, elle a vécu avec ses amis, ses proches, nos partenaires, le traumatisme du séisme, de ses répliques, de ses conséquences, il y a 9 jours. Sur place aujourd'hui encore, elle relaie le quotidien des Népalais dont l'univers à basculé en quelques poignées de secondes.

 

 

 

 

"30 secondes, seulement 30 petites secondes, la terre qui tremble et un pays entier détruit.

 

Des namaste, des sourires, des projets pour la journée ce samedi matin 25 avril!
11h55, que se passe-t-il? "Mélinda cours dehors, c'est un tremblement!" Je ne réfléchis pas, je cours vers un espace aéré, et m'accroche à un pilier en béton. Les briques tombent, on entend des bruits d'effondrement et le noir complet avec toute cette poussière. Les gens crient, pleurent, tout le monde est effrayé. Je n'arrive pas à contrôler mon corps qui tremble et tremble, la terre ne veut pas s'arrêter de bouger.

 

 

 

La poussière redescend, c'est le chaos autour de moi, avec un ami nous décidons d'aller à Durbar Square, la plus grande place de Bhaktapur. En chemin, je tombe nez à nez avec un papa qui porte son fils inconscient, suivie d'une autre personne qui tente de sortir qqn des décombres. Je m'arrête, regarde cette scène qui me semble irréelle, je ne bouge plus. Seuls les appels de mon ami me font revenir à moi. Nous courons vers la place, beaucoup de monde, les Népalais prient afin de calmer les Dieux.

 

 

 

Les répliques sont nombreuses, des motos circulent à toute allure avec des blessés. Ma première pensée vient à ma famille, je prends mon natel et écris que je vais bien, je ne sais même pas comment j'ai pu avoir ce réflexe, quelques minutes après... plus de réseau.

 

 

 

Et mes amis? L'angoisse est insoutenable, il me faut les retrouver. La terre semble se calmer, je pars vers la maison d'une amie. En chemin, je constate l'ampleur des dégâts. Je m'approche du quartier, les premières maisons se sont complètement effondrées, il y a 4 corps recouverts d'un drap. Mon coeur bat, mes yeux se gonflent de larmes, je n'arrive pas à voir si la maison de mon amie est encore debout. Petit à petit, je retrouve les personnes qui me sont les plus chères ici, tout le monde est sain et sauf. Oh merci!

 

Puis s'ensuit plusieurs jours d'angoisse, les répliques sont nombreuses et parfois fortes. Nous dormons dehors à l'extérieur de la ville, il fait froid, il pleut, les enfants sont totalement effrayés à chaque nouvelle secousse. La première nuit je ne trouve pas le sommeil, trop d'images tournent en boucle dans ma tête. Puis la fatigue me gagne, le sommeil reste toutefois léger, attentive à chaque bruit, presque à en devenir parano.

 

 

 

Chaque jour, je me rends à Bhaktapur afin de retrouver les membres de notre projet et mes connaissances. Je parviens petit à petit à avoir des nouvelles, mais je ne peux pas rester longtemps dans les rues, c'est trop dangereux, de nombreuses maisons menacent de s'effondrer. Certains ont perdu des membres de leur famille, n'ont plus de maison ... Je suis confrontée à la détresse et la tristesse des Népalais. Il m'arrive aussi de craquer, heureusement je peux compter sur le soutien de mes amis. Ils m'aident à avancer ...

 

 

 

Tous vos messages aussi me font chaud au coeur. J'ai pu comprendre par téléphone l'énorme solidarité en Suisse, recevoir quelques messages par ma famille et aujourd'hui, j'ai pu prendre conscience de tout votre soutien.

 

 

 

Tout simplement merci, mille mercis!"

 

 

 

Mélinda Parvex