Séisme: La vie se fraie un chemin entre les angoisses des séismes et la volonté de reconstruire le Népal

 

La vie reprend lentement au Népal. Dès le 25 avril, date du séisme historique qui a traumatisé le pays, les images ont fait le tour du monde durant un mois.

 

La distance, le temps et le rythme des medias les ont aujourd'hui remplacées par celles d’autres drames.

 

Sur place, elles restent pourtant gravées dans les mémoires : la peur pour les amis dont on était sans nouvelles s'est quelque peu estompée mais la tristesse de découvrir et rencontrer des lieux familiers ravagés, des appels à l’aides de personnes plus ou moins proches est omniprésente.

 

L'immense travail de reconstruction n'en est, pour certaines régions, qu'à ses balbutiements. Ce sont ces constats qui ont été relevés d'emblée par Corinne Giroud et Simon Darioli, dès le début de leur mission pour Bhavisya, sur place, du 19 au 31 juillet (rapport à découvrir sous l'onglet "projet"). Une mission de "soutien" et de "relance" pour nos partenaires, jeunes et amis sur place qui les ont accueillis avec un immense soulagement et surtout la volonté de reprendre le cours de leur vie dans des conditions plus "normales".

 

Nous retranscrivons ci-dessous les impressions générales partagées par les deux représentants de l'association lors de ce séjour.

 

"Lorsqu’on arrive à l’aéroport, puis sur la route de Kathmandu à Bhaktapur, tout semble normal, un peu « comme avant ». Les bâtiments de construction récente on bien tenu le coup. Quelques centaines de mètres de route sont en reconstruction et créent un bouchon, mais les bouchons de Kathmandu, on les connait.

A Bhaktapur même, lorsque que nous arrivons à notre guest house habituelle, au centre de la vieille ville, le changement n’est pas spectaculaire. La place Taumadi Tole est dégagée, de même que les rues principales…Il n’y a pas de touristes mais la vie de la rue semble presque normale, avec quelques shops ouverts, le marché aux légumes, et les klaxons des motos…. Les gens nous saluent, avec un sourire.

 

Et puis on lève les yeux… Au-dessus des façades familières, il manque souvent un étage, ou deux. Un toit provisoire de taule a été installé.

 

Ici il y avait une maison, il ne reste qu’un tas de briques empilées, récupérées pour une future construction, là, quand on regarde par la porte ouverte, on voit que l’intérieur de la maison s’est effondré, partout, des étais de bois tiennent des maisons vides et fissurées, trop dangereuses pour être habitées.

 

Et puis on sort un peu de l’axe principal assez bien dégagé allant de Taumadi Tole à Dattatraya. Des rues sont barrées par les amoncellements de gravats. Dans le quartier derrière Dattatraya, celui où habitent la famille de Laxmi, celle de Shyam et Issuri, celle de Rabindra Puri, près de la moitié des maisons sont gravement endommagées ou écroulées. Il règne une atmosphère pesante, les visages sont fermés, la circulation des motos rare dans l’encombrement des rues. Sur les 321 morts enregistrés à Bhaktapur, 200 viennent de ce seul quartier…

Et puis, on passe d’une rue à l’autre, on sort un peu de la vieille ville… Partout, sur les petites places et sur les espaces un peu plus ouverts, des tentes, isolées ou groupées en petits « camps » de quelques dizaines d’unités. Plus de la moitié affichent en grand sigles rouges « Red cross of China », en mandarin et en anglais. Dans la géopolitique régionale, la Chine a marqué des points, de nombreuses conversations nous l’ont confirmé… Plus que l’Inde, trop arrogante, plus que de nombreux pays asiatiques, mal organisés et vite repartis…

 

On voit aussi de nombreuses constructions de taule et de bambous, les même que celles que Bhavisya a construites dans les villages.

 

Nous ne sommes restés que 12 jours à Bhaktapur et en 12 jours, nous avons pu mesurer le changement. Les choses bougent.

 

Peu à peu nous avons recommencé à croiser des touristes. Pas beaucoup, quelques-uns, puis entre dix et vingt par jour… Des jeunes européens surtout, et un petit groupe de japonais avec appareil photos…et casques de chantier sur une grande place dégagée… C’est un début. Quelques restaurants et guest houses ont rouvert leurs portes.

 

Plus impressionnant, partout, la vieille ville est un vaste chantier ou s’activent des népalais avec des moyens de fortune, des barres de fer ou de bois, des hottes. On démolit les maisons partiellement effondrées, on débarrasse les gravas en les entassant au milieu des rues principales. Le lendemain, des trax et des camions ou des tracteurs les emmènent hors de la ville.

 

Au hasard des rencontres et des discussions, le même discours revient : « Les ONG sont venues et reparties. Nous sommes seuls et c’est à nous de reconstruire. » . Bien sûr, de nombreuses personnes sont encore dans l’attente des secours du ciel et de l’étranger, mais jamais jusqu’ici, dans nos visites, nous n’avions ressenti une telle volonté de mobiliser ses propres ressources pour aller de l’avant."

Un exemple des réalisation concrètes avec l'intérieur d'un "shelter" construit en bambou et tôle ondulée
Un exemple des réalisation concrètes avec l'intérieur d'un "shelter" construit en bambou et tôle ondulée